La dynamique de la confiance en soi – Extrait du livre « L’estime de soi au coeur du management »

Notre société moderne renvoie des modèles idéalisés de l’apparence corporelle, de la réussite professionnelle et sportive, de l’image sociale. L’éducation se fait dans ce contexte sociologique avec cette relation permanente de la construction de soi en lien avec cet environnement.

L’enfant qui fera une activité sportive va naturellement mesurer ses performances aux autres et sera mis en situation pour l’atteinte de son objectif.

Le sport va lui donner la possibilité de s’évaluer et de construire des apprentissages pour réaliser une performance. Il va construire sa confiance dans la possibilité de progresser avec le plaisir que procure la satisfaction du bien-être de l’effort physique. La connaissance qu’il va développer de son corps et de ses possibilités pour réaliser cette activité lui permet d’explorer l’affirmation de soi. S’entraîner, persévérer fera partie de ses capacités mentales.

Il développera l’habitude de s’adapter aux contraintes qu’elles soient physiques ou mentales pour dépasser un obstacle tout en gardant confiance. Cependant, il est toujours possible de commencer la pratique d’une activité physique à tout âge et d’en tirer les bénéfices pour développer ce triptyque avec le dépassement de soi.

Dès que nous envisageons la pratique régulière d’une activité, qu’elle soit sportive ou artistique, nous nous mettons dans une posture de développement, par l’entraînement et l’appropriation de nouveaux apprentissages. L’effort et les mérites qu’ils apportent sont des facteurs de satisfaction et d’une évaluation de soi positive. L’image de soi prend une forme positive et n’est plus sous la dépendance de l’évaluation des autres. « Je suis en capacité de faire face à la critique sans me dévaloriser. Je peux me regarder à ma juste valeur et donc m’apprécier. Je pars de soi vers l’extérieur, je suis donc maître de mon monde intérieur pour accueillir mon environnement. » Ce n’est pas l’environnement qui prend le leadership.

« Je suis dans une posture de leadership personnel. »

Se construire une posture pour remettre en cause le « comment faire » et non « le soi » au risque de perdre ses repères de confiance en soi

Le leadership personnel est le fondement de la confiance en soi. Dès que je laisse l’extérieur prendre le contrôle de soi, je deviens fragilisé. Je suis en permanence dans la remise en cause du soi global. J’ai une peur irrationnelle de mal faire, de ne pas être reconnu, de ne pas être à la hauteur… Tout devient compliqué et flou. L’incertitude prend le dessus et me déstabilise dans ma capacité de croire en moi. Il est donc important de ne pas tout mélanger. C’est une habitude culturelle de remettre en cause l’être alors que c’est une action et/ou un comportement qui sont à changer. Le jugement de valeur nous entraîne dans des attitudes empiriques. Nous oublions de mettre de la nuance. Cela commence dès l’enfance dès que nous entendons suite à un échec scolaire par exemple : « Tu es nul, tu es un incapable etc. »

La personne qui a vécu ces mots adoptera d’autant plus cette attitude de dévalorisation. Pour en sortir, il est important de factualiser et d’objectiver ce qui arrive pour remettre chaque aspect à sa place et sortir de cette subjectivité.

Au début cela demande une prise de conscience pour ne plus donner à ses croyances une raison d’être. Pour sortir de cette vision du passé, il est nécessaire de réhabiliter le soi par une mise en évidence de ce qui est positif dans notre vie avec une juste évaluation de soi.

Utiliser le tableau de bord interne des signaux pour clarifier ses intuitions

Nous recevons tous des signaux par les stimuli extérieurs que nos capteurs sensoriels perçoivent. Notre cerveau, par l’intermédiaire du territoire préfrontal cognitif, les interprète par une mise en relation avec notre mémoire. Il en fait des probabilités plus ou moins évidentes qui dessinent une intuition. C’est comme une image des possibles. Dès que nous sommes dans notre mode automatique nous ne les écoutons pas. Nos certitudes sont comme des parasites et nous éloignent de sa perception. Dès que nous sommes sous l’emprise d’une émotion négative, c’est une croyance qui nous leurre en prenant la forme noble d’une intuition. L’instinct est davantage un état émotionnel qui nous alerte d’un danger. Cela peut être un danger physique et peut également correspondre à une croyance et non à une réalité.

Exemple : la personne qui a peur de l’engagement, de l’abandon va fuir une situation qui pourrait l’éloigner de sa croyance.

Les domaines de distorsion

Aaron Beck a démontré trois domaines majeurs de distorsion :

  • Sur soi : « Je suis un incapable. Je ne suis pas à la hauteur. La réussite n’est pas pour moi. »
  • Sur l’environnement : « Ce monde est pourri. Les gens ne font pas attention aux autres. L’argent mène le monde. »
  • Sur l’avenir : « C’est sans espoir. C’est inutile de faire des efforts. »

Les interprétations possibles en contexte :

  • « Si je n’ai pas été sélectionné c’est parce que je ne vaux rien. »
  • « J’ai été licencié de mon entreprise, ce n’est pas surprenant, je rate tout ce que je fais dans la vie. »
  • « Je n’ai jamais réussi un examen, c’est évident que je suis un raté. »
  • « Je lui ai laissé un message mais il ne m’a pas rappelé, il ne me considère plus comme son ami. »
  • « Je n’ai pas le courage de faire face à cette situation, donc je suis un looser. »
  • « Si mon fils ne réussit pas à l’école, c’est parce que je suis un mauvais père. »
  • « Si le monde était plus juste, je n’en serais pas là aujourd’hui. »
  • « Si j’avais fait des études, je serai reconnu socialement… »

L’intuition ouvre les possibles, les croyances peuvent être des protections et des attitudes qui sont des freins à notre épanouissement. Souvent, elles nous entraînent vers ce que nous avons peur de vivre en interprétant les faits. Nous agissons avec cette interprétation et nous provoquons la situation qui nous fait peur. Au final, nous donnons raison à nos protections… L’autosuggestion fonctionne aussi bien dans le positif que dans le négatif.

Être à l’écoute de son intuition et de son instinct permet de mieux comprendre ce qui se passe en soi et également d’utiliser tous les signaux pour comprendre autrui et son environnement.

Construire les ressources tête, cœur et corps pour alimenter la dynamique de sa propre évolution

L’être humain utilise trois formes d’énergie avec une attitude préférentielle dans laquelle il a construit des ressources. Ces notions sont utilisées dans de nombreuses méthodes de développement personnel pour mieux comprendre nos moteurs internes.

Une personne qui est dans l’énergie tête favorise la réflexion, l’analyse, l’anticipation, la conceptualisation avec un besoin de structure, de maîtrise des détails, de précision pour évaluer tous les risques. Elle est centrée sur l’objectif et elle a besoin de contrôle. La raison l’emporte sur les émotions. Souvent parler de ses ressentis est trop abstrait et peut être perçu comme une faiblesse. Son appétence pour le rationnel et l’analytique lui donne parfois une image de froideur quand elle exprime cette attitude à l’extrême. Ses capacités cognitives sont utilisées avec les jugements de valeur pour évaluer et interpréter les événements. Elle a cette aptitude analytique d’envisager tous les aspects d’un problème. Tant qu’elle n’est pas en certitude et si elle est en stress, il lui est difficile de se lancer dans l’action. Son estime de soi est fondée sur une évaluation claire de ses performances possibles avec une volonté d’avoir tout traité. Dès qu’une personne se retrouve dans l’inconnu, comme côtoyer de nouvelles personnes ou situations, elle peut se fermer et perdre toute capacité à coopérer. Quand elle ne peut répondre à son injonction « sois parfaite », elle s’estime en difficulté et en danger.

Une personne qui est dans l’énergie cœur favorise la relation. Elle est centrée sur l’humain, la communication et les ressentis. Elle exprime facilement ses sentiments et ses émotions. Être prise en compte en tant que personne est un moteur pour sa contribution ce qui répond à son besoin d’exister dans le regard d’autrui et le collectif. Elle aime l’harmonie et a le sens du service avec la volonté de bien faire.

Elle a une facilité pour créer du lien et son enjeu est d’apporter sa contribution et son soutien pour se sentir utile et faire plaisir. Elle est aussi beaucoup dans la subjectivité et peut tomber dans l’interprétation avec des états émotionnels induits. Ces personnes sont plus facilement impactées par les états d’âme, les humeurs et les comportements des autres. Son estime de soi est fondée sur le regard d’autrui et son injonction est « fais plaisir ou sois gentil ». Elle peut facilement se dévaloriser si elle n’est pas reconnue, prise en compte dans sa contribution. Le risque de conflits provoque des peurs du rejet, elle cherche l’harmonie à tout prix et si l’atmosphère n’est pas favorable, elle se met en retrait et rumine le passé.

Une personne qui est dans l’énergie corps favorise l’action et le résultat. L’important pour elle est d’avancer, d’être dans le mouvement. Elle est dans l’ici et maintenant avec tous ses sens en éveil pour récolter les informations et les signaux. Elle s’adapte très vite pour répondre aux besoins de la situation. Elle est davantage dans la sensation que la réflexion ce qui parfois peut l’amener à aller trop vite ou mal évaluer les risques.

En ce qui concerne son estime de soi, ce qui compte c’est la valeur qu’elle s’accorde et a donc une grande confiance en elle naturelle, ce qui lui permet de rebondir quoi qu’il arrive. Elle est stimulée par les résistances, les obstacles qui lui permettent de renforcer son image de soi. Remporter des défis lui permet de nourrir son injonction qui est « sois fort et fais vite ». Elle surévalue souvent son estime de soi, ce qui l’emmène dans des comportements de dominance. Elle est capable de passer en force et veut le résultat à tout prix. Elle n’hésite pas à utiliser ses émotions et celles des autres pour sa réussite.

Les ressources de ces trois énergies sont utiles au quotidien. Pour nous adapter, nous développons des ressources dans celles qui nous manquent pour répondre aux besoins d’une situation. Cependant nous avons tendance à rester dans nos zones de confort. Cela demande d’envisager la situation autrement pour découvrir la ressource d’une autre énergie comme importante pour augmenter notre performance.

Une énergie préférentielle-tête aura davantage de difficultés d’envisager de passer à l’action sans avoir tout évalué. Elle a besoin de comprendre les tenants et les aboutissants, de fixer un cap et d’envisager tous les risques. Elle ne se met pas en capacité de développer l’écoute de son intuition pour passer vite à l’action quand c’est nécessaire. Dans certains contextes, cette ressource va lui manquer pour être performante. A contrario, l’énergie-corps a besoin d’anticiper et d’évaluer pour passer à l’action. L’énergie-cœur ne doit pas toujours attendre l’approbation de chacun pour passer à l’action quand le contexte demande une réponse rapide.